Les coopératives ivoiriennes de cacao en bordure d’aires protégées affinent leurs stratégies pour lutter contre la déforestation
Plusieurs coopératives ivoiriennes de cacao, partenaires du programme EQUITE et localisées en bordure d’aires protégées, ont réalisé en 2023 des diagnostics participatifs avec les producteur.rice.s situé.e.s dans les zones tampons des forêts classées. On y apprend que la pauvreté et la recherche de revenus décents sont les principaux drivers de la déforestation et que la stratégie visant à exclure ses producteurs de leurs coopératives est loin de constituer un rempart efficace à la déforestation et semble plutôt contribuer à exacerber le phénomène.
ECAM, CAMAYE et ECAKOOG, 3 coopératives de cacao basées en Côte d’Ivoire ont été soutenues dans le cadre du programme EQUITE, pour réaliser des diagnostics participatifs avec des producteur.rice.s anciennement membres de leur coopérative, qui sont situé.e.s dans les zones tampons de forêts classées.
Cette démarche vise à mieux connaître les producteur·rices de cacao vivant dans les zones tampons et comprendre leur situation afin de contribuer plus explicitement à réduire l’intrusion des producteur·rices dans les forêts classées.
Elle s’est déclinée en plusieurs étapes : la réalisation d’un diagnostic participatif auprès des producteurs situés à proximité des aires protégées ; l’identification des producteurs s’engageant à ne pas infiltrer les aires protégées, l’élaboration de plans d’actions pour prévenir les risques d’infiltration et l’identification par les coopératives d’activités économiques à proposer comme alternatives aux producteurs.
Ce que l’on apprend grâce à ces diagnostics :
- Les principales causes d’intrusion dans les forêts classées indiquées par les producteur·rices enquêté.e.s concernent principalement une recherche de rendements et de revenus supplémentaires afin de pouvoir subvenir aux besoins de leur ménage. La pauvreté et la recherche d’un revenu décent mais aussi l’épuisement des sols et la recherche de fertilité sont identifiés comme les principaux drivers de la déforestation.
- Plusieurs coopératives ont fait le choix d’exclure de leurs membres les producteur·rices situé.e.s en bordure d’aires protégées pour ne prendre aucun risque de collecter du cacao issu de la déforestation. Elles se sont rendues compte grâce au diagnostic effectué que cette pratique ne permettait pas de lutter efficacement contre la déforestation. Au contraire, les producteur·rices en bordure d’aires protégées se retrouvant exclu·es de leur coopérative ne bénéficient alors plus des services que la coopérative peut proposer à ses membres (formations, taille, fertilisant, bonnes pratiques, prévention, etc.). La coopérative n’a plus d’interaction avec ces producteur·rices de cacao exclu·es et ne peut ainsi plus jouer un rôle de prévention et de rempart contre la déforestation. Dans ce contexte, les intrusions dans les aires protégées ne sont pas enrayées et la déforestation en Côte d’Ivoire se poursuit.
- Les coopératives certifiées équitables sont actuellement en train de faire évoluer leur pratiques à l’égard des producteur.rice.s situées en bordures d’aires protégées. L’une d’entre elles consiste à ne plus exclure systématiquement les producteur.rice.s situé.e.s en bordures d’aires protégées de leur coopérative. Des plans d’action sont par ailleurs en cours d’élaboration avec les producteur·rices des zones tampons pour leur permettre d’élaborer d’autres alternatives économiques à l’extension des terres dans les forêts classées.
Retrouvez le détail des diagnostics et des plans d’action dans les rapports à télécharger ci-dessous.