Un prix juste et rémunérateur : la condition d’adhésion des producteur.rices aux pratiques agroécologiques

16 décembre 2022
4 min

Fulbert DAGO, responsable adjoint du programme EQUITE à Abidjan est intervenu à l’occasion de deux conférences organisées sur l’édition 2022 du  Salon du Chocolat de Paris. La question de la rémunération des producteur.rices pour assurer la mise en œuvre des pratiques agroécologiques de manière durable étaient au cœur de ses propos lors de ces conférences.

Pour Fulbert Dago, il n’y a pas de débat,

« les producteur.rices souhaitent s’engager dans les pratiques agroforestières, mais pour cela il faut qu’ils y trouvent leur compte. La clé, c’est un prix du cacao plus rémunérateur. »

Lors de la conférence portant sur « L’agroforesterie : des exploitations diversifiées pour une culture cacaoyère durable », Fulbert Dago est revenu les avancées réalisées en Côte d’Ivoire avec des coopératives pionnières dans la mise en place de systèmes agroforestiers complexes. Cependant, comme l’a démontré plusieurs études de cas dans le cadre d’Equité, comme celle menée par HORUS, « nous avons estimer que  l’installation d’une parcelle agroforestière d’un hectare en Cote D’ivoire coute environ 1 753 000FCFA (2700€ environ), ce qui est un cout prohibitif pour des producteurs dont la grande majorité vit en dessous du seuil de pauvreté. Ce coût ne peut être assumée sans un prix juste aux producteur.rices« . Par exemple, afin de pouvoir assurer le remboursement d’un prêt nécessaire pour pouvoir investir dans ces systèmes en agroforesterie, la mise en place de 0,25 ha bio en système agroforestier complexe nécessite un prix de cacao à 1250 FCFA/kg sur 1,8ha a minima.

Par ailleurs, lors de la conférence « Monoculture intensive du cacao en Afrique de l’Ouest : comment inverser la tendance ? », Fulbert Dago à rappeler que « les changements sont en cours. Les pratiques agroécologiques sont reconnus et soutenus par les différents acteur.rices notamment les acteurs étatiques ».

« L’engagement de l’Etat ivoirien qui s’est notamment traduit par l’adoption d’un code forestier plus favorable à l’agroforesterie et le soutien de projets portant sur des innovations agroécologiques, est une réelle avancée dans la transition vers des systèmes de production de cacao plus respectueux de l’environnement. Cependant la principale condition de mise à l’échelle de ces pratiques pour réussir la transition agroécologique et de sortir de façon irréversible de la monoculture, est de payer aux producteurs des prix rémunérateurs qui leur permettent de vivre décemment et d’investir dans ces pratiques avec leurs propres moyens. »

En effet, l’état ivoirien, après avoir plusieurs décennies durant, promu et soutenu un système intensif caractérisé par l’abattage des arbres et la culture des cacaoyères en plein soleil, s’est aujourd’hui engagé dans le développement de pratiques agroécologiques comme l’agroforesterie en raison des défis nouveaux liés notamment à l’urgence de la préservation-restauration des ressources forestières de la côte d’Ivoire. 

Le label Symbole des Petits Producteurs a marqué le coup lors de ce salon. En plus du stand et du concours de cacao bio organisé pendant le salon, pas moins de 10 conférences ont été organisées par le label de commerce équitable Symbole des Petits Producteurs (SPP) au salon du chocolat à Paris. Grâce à SPP, ce sont donc 1/3 de l’ensemble des conférences dispensées lors du salon qui ont permis de mettre au centre des débats les enjeux écologiques, sociaux et économiques de la filière cacao.