Quels enjeux pour le programme Equité en 2021 ?

15 février 2021
5 min

Paroles d’acteur – Christophe Boscher, coordinateur du programme Equité basé en Côte d’Ivoire revient sur les défis de l’année à venir pour le programme Equité, dans un contexte sanitaire particulièrement difficile.

Selon vous, en 2021, en Afrique de l’Ouest, à quels enjeux le programme ÉQUITÉ répondra-t-il ?

L’équipe d’Équité a cherché à identifier les impacts de la pandémie de COVID-19 sur chaque filière et dans chaque pays concerné par le programme. Si nous avons cru un temps que les impacts de la situation sanitaire étaient minimes, nous nous sommes vite aperçus que beaucoup d’organisations ont fini par être touchées. Par exemple, tout comme d’autres filières, les organisations de producteur·rice·s de mangue séchée ont vu les demandes d’acheteurs baisser de 30 à 40%.

L’engagement des acheteurs habituels diminue et il est difficile de réaliser de nouvelles ventes. Tout cela a un impact direct sur les coopératives de commerce équitable en termes de revenus mais aussi bien au-delà de leur aspect économique.

La main d’œuvre saisonnière, pour la transformation des mangues séchées par exemple, constitue une part de revenus important pour de nombreuses femmes et leurs familles. À cause de la pandémie, les recrutements de ce type de main d’œuvre en 2020 se font plus rares. Cela a un impact social très important, qu’on ne mesure pas encore tout à fait aujourd’hui.

J’espère sincèrement que la situation sanitaire va s’améliorer pour redynamiser la commercialisation des produits et les activités de transformation des organisations.

En plus de soutenir des projets des coopératives, le programme Equité a mis en place un fond visant à renforcer leurs capacités commerciales pour renouer les liens des organisations avec leurs acheteurs.

Depuis la fin d’Equité-1, le contexte sécuritaire s’est aussi fortement dégradé dans la sous-région et particulièrement au Burkina Faso. Ce que l’on peut craindre, aujourd’hui, pour les coopératives situées dans des zones soumises aux actes de terrorisme, c’est que ça les écarte de toutes activités de développement.

C’est un enjeu vraiment important pour l’équipe d’ÉQUITÉ, et nous souhaitons faire tout notre possible pour éviter que les coopératives ne subissent pas une « double peine ».

Quels seront les principaux objectifs du programme ÉQUITÉ pour 2021 ?

Les projets soumis par des organisations de producteur·rice·s sélectionnées en 2020 vont pouvoir enfin démarrer cette année ! Nous sommes très enthousiastes car ces projets couvrent un scope géographique bien plus large que la première phase du programme, avec une prise en compte de la question du genre bien plus affirmée. Le programme interviendra aussi sur de nouvelles filières (coco, ananas, artisanat) et les projets présentent tous des innovations agroécologiques intéressantes.

Comme le soutien le programme, nous sommes également ravis de voir que les organisations de producteur·rice·s mettent en œuvre des actions novatrices pour évoluer avec leur contexte environnemental.

La gestion concertée des parcs à karité, l’amélioration de la performance énergétique des unités de transformation, ou encore la mise en place de systèmes agroforestiers sont de bons exemples d’actions novatrices qui seront soutenues. Tous ces projets s’appuient sur le précepte que le commerce équitable est aujourd’hui un levier important pour la transition agroécologique !

Notre objectif principal aujourd’hui, c’est de bien démarrer toutes ces activités pour réussir à atteindre de bons résultats !

Le programme ÉQUITÉ soutient des projets qui s’inscrivent aussi dans une démarche de diversification, que ce soit en termes de filières ou d’activités génératrices de revenus.

Cela permet de prévenir les problèmes qui peuvent intervenir en aval des filières, comme les retards ou les annulations de commandes. C’est une aide importante que les organisations gardent le cap, notamment face aux impacts de la pandémie.

Un des objectifs majeurs du programme est aussi de renforcer les activités de plaidoyer à l’échelle nationale, porter les intérêts et défendre les droits des producteur·rice·s auprès des instances politiques nationales et internationales.

Sur le terrain, en Afrique de l’Ouest, qu’est ce qui sera concrètement mis en œuvre en 2021 ?

Les premières étapes des projets sélectionnés sont très importantes et requièrent un fort investissement ! Le renforcement des capacités des organisations qui porteront ces projets est essentiel pour mener des actions entrepreneuriales et commerciales. C’est pour cette raison que les volets de formation, prévus dans les projets pour renforcer les capacités de gouvernance, de gestion, et d’organisation des instances des coopératives, seront les actions prioritaires de ces projets.

Le démarrage des gros chantiers d’aménagement, comme la mise en place de champs écoles, l’aménagement de parcs à karité, l’amélioration d’unités de transformations ou encore la mise en place de systèmes agroforestiers comptent aussi parmi les actions qui seront rapidement réalisées.

Après une phase de co-construction, nous sommes ravis de voir que cette année aura lieu le lancement des projets de Fairtrade Africa et Max Havelaar France, à savoir l’école de leadership des femmes, et le projet de renforcement de système de gestion interne des coopératives ivoiriennes de cacao.

À travers leurs projets, les labels de commerce équitable mènent des actions sur le terrain pour participer au renforcement de l’accès au marché des coopératives certifiées, ce qui est très important dans le contexte actuel.

Dans cette même logique de renforcer l’accès au marché des coopératives, nous espérons pouvoir appuyer les OP partenaires du Programme à tous les évènements commerciaux qui doivent normalement avoir lieu en 2021.