Plein feu sur le karité : une filière porteuse à préserver !

7 juin 2021
5 min

Vous trouverez ci-dessous un rapide état des lieux de cette filière emblématique ouest africaine, extrait du rapport récemment publié par la FAO et la Global Shea Alliance « Développement de la filière karité – Principal moteur pro-pauvre de fixation du carbone en Afrique de l’Ouest. »

En Afrique de l’Ouest, la filière karité subit une forte pression due à la déforestation, au dérèglement climatique, à sa mécanisation et aux projets à grande échelle. Gérée durablement, la filière est aussi porteuse d’espoir, dans une double dimension écologique et sociale.

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L’arbre à karité est un arbre fruitier semi-domestiqué qui prend vie dans les parcs agroforestiers, les savanes arides et les forêts sur une bande d’environ 5 000 kilomètres à travers 16 pays africains du Sénégal à l’Ethiopie. L’Afrique de l’Ouest compte plus d’1 milliards d’arbres à karité couvrant 1,7 millions de kilomètres carrés.

Le karité est doté d’un fort potentiel d’atténuation des changements climatiques en Afrique de l’Ouest, une vertue souvent méconnue. Actuellement, la chaîne de valeur du karité permet de fixer 1,5 millions de tonnes de carbone (CO2) par an, en sachant qu’un français émet entre 10,6 et 12,8 tonnes de CO2 par an, et qu’un arbre stocke en moyenne 35 kg de C02 par an. De plus, les arbres à karité poussent naturellement et sont intégrés avec les autres cultures annuelles, créant un paysage agroforestier qui sert de puits de carbone. L’expansion de ces zones agroforestières renforce la résilience des cultures, notamment face au changement climatique.

Le karité est l’une des seules ressources auxquelles les femmes ont droit d’accès. Huit millions (8 000 000) de femmes en Afrique de l’Ouest sont impliquées dans les activités associées au karité.Grâce aux activités de ramassage et de transformation, le karité leur permet d’accéder à un revenu et d’avoir un statut social reconnu au sein de leur communauté. En 2018, chaque journée de travail a généré 1,9 USD de valeur ajoutée pour les femmes. Le karité est une culture importante pour celles-ci, car au niveau du ménage, il représente jusqu’à 12% du revenu total et jusqu’à 32% de l’argent.

Le commerce des amandes et du beurre de karité a d’ailleurs atteint une envergure mondiale au fil des deux dernières décennies. L’industrie alimentaire (les secteurs de la confiserie et de la boulangerie) utilise environ 90% de l’approvisionnement mondial tandis que le reste est absorbé par l’industrie cosmétique. Le marché est en pleine expansion avec une augmentation de plus de 600% au cours des 20 dernières années et une augmentation de 50% prévue pour les 5 prochaines années.

Les enjeux d’une filière urgente à préserver

  • La pression démographique pousse l’homme à dégrader le couvert végétal, dont les parcs à karité, afin d’utiliser le bois des arbres pour se chauffer et avoir accès à une terre cultivable ou constructible
  • Les parcs à karité se régénèrent pendant les périodes de jachères. Seulement, ces périodes sont de plus en plus réduites, accentuées par la sécheresse, la mécanisation et le déboisement pour le charbon de bois
  • En lien avec les périodes de sécheresse de plus en plus récurrentes, on observe des feux de brousse, qui sont un fléau eu égard à leur récurrence, leur amplitude et leur intensité
  • Le gui africain, plante parasite s’attaquant aux pieds de karité est connu comme étant une menace pour les parcs

Les populations d’arbres à karité en Afrique de l’Ouest subissent des pressions fortes causées par plusieurs facteurs parmi lesquels :

Comment pallier ces enjeux ?

Dans les pays producteurs d’amandes et de noix de karité, plusieurs projets ont vu le jour pour répondre à ces pressions. Les coopératives s’organisent en effet pour produire du karité biologique intégré dans des systèmes agroforestiers et créent des dispositifs de valorisation des résidus de production du beurre de karité, afin de réduire l’utilisation du bois de chauffe. Le programme Equité 2 accompagne actuellement une dizaine d’organisations de producteur-ice-s karité au Mali et au Burkina Faso pour promouvoir ces initiatives, s’assurant par ailleurs que les productrices sont bien rémunérées et gagnent des compétences en leadership et en entreprenariat.

Pour en savoir plus :

Développement de la filière karité: Principal moteur pro-pauvre de fixation du carbone en Afrique de l’Ouest

> A lire sur le site de la FAO

Bockel, L., Veyrier, M., Gopal, P., Adu, A. et Ouedraogo, A. 2020. Développement de la filière karité – Principal moteur pro-pauvre de fixation du carbone en Afrique de l’Ouest. Accra. FAO et Alliance Globale du Karité.