Le commerce équitable : une solution pertinente aux défis de la filière cacao en Côte D’Ivoire

15 février 2021
4 min

Parole d’acteur – Franck Koman, coordinateur du RICE, partenaire du programme Équité, nous explique en quoi le commerce équitable s’inscrit pleinement dans une démarche de développement durable.

Selon vous, en quoi le Commerce Équitable est-il une solution pertinente pour relever les défis sociaux et environnementaux actuels en Côte d’Ivoire ?

Le commerce équitable accorde une place importante à la préservation de l’environnement. Il sensibilise et encourage les producteur·rice·s et leurs coopératives (à travers des initiatives et programmes, comme le programme ÉQUITÉ) à adopter des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Il est important que les producteur·rice·s aient plus de voix et puissent créer une industrie agricole plus durable.

De plus, les producteur·rice·s sont ceux qui sont en première ligne face aux problèmes que les acteurs de la chaîne du cacao essaient de résoudre. Ils connaissent les défis de leurs communautés et de la filière. Les acteurs impliqués dans le commerce équitable ou qui adhèrent simplement au concept du mouvement s’efforcent de lutter contre la pauvreté des producteur·rice·s, un défi majeur dans la cacaoculture.

Ce faisant, le commerce équitable s’inscrit dans une démarche concrète du développement durable en Côte d’Ivoire.

En 2021, en Côte d’Ivoire, quelles sont selon vous les difficultés auxquelles se confrontent les coopératives de commerce équitable et leurs producteur·rice·s adhérent·e·s ?

En cette nouvelle année, les organisations de producteur·rice·s en Côte d’Ivoire sont confrontés à de nombreuses difficultés, plus ou moins importantes. En ce qui concerne la sécurité, la Côte d’Ivoire ne présente que des risques mineurs liés aux prochaines élections législatives et municipales.

Bien que le contexte sécuritaire soit faible, le contexte sanitaire, lui, est une menace pour toutes les populations et notamment pour les plus fragiles. Parmi elles se trouvent les petits producteur·rice·s. qui n’ont aucune visibilité sur la fin de la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19.

Ces populations souffrent également du contexte environnemental. Malgré des réels efforts entrepris, la déforestation demeure une grande préoccupation et tous les effets du changement climatique aussi : les saisons se décalent et cela impacte négativement les cultures, qu’il s’agisse du cacao ou des vivriers.

En plus de toutes ces difficultés, on constate, au niveau commercial, un goulot d’étranglement de la marchandise dans les ports. Les difficultés de livraison-déchargement du cacao aux acheteurs se répercutent au niveau des coopératives et des producteur·rice·s. En effet, les multinationales n’achètent pas le cacao au rythme habituel et cela a des conséquences sur les stocks de cacao, au niveau des producteur·rice·s. Actuellement, tous les producteur·rice·s de cacao, et en particulier les petits, risquent de vendre leurs productions de la grande campagne lors de la petite campagne, lorsque le prix de vente est plus bas. Le prix actuel est de 1000F/K.

Le problème réside principalement dans la réduction du prix des productions par les petits producteur·rice·s, vivant au jour le jour.

Concernant le commerce équitable, les demandes se font rares en ce moment, principalement car plusieurs coopératives n’ont pas accès aux marchés certifiés.

En 2021, quels sont les projets du RICE pour développer le Commerce Équitable en Côte d’Ivoire? Comment le RICE prévoit-il d’accompagner ses membres dans la transition des modes de production vers des pratiques agroécologiques et agroforestières ?

En 2021, le RICE prévoit d’accompagner ses membres dans le développement des pratiques agro-écologiques et agroforestières, à travers les activités suivantes :

  • des sensibilisations sur l’agriculture biologique et sur les avantages qu’offrent une double certification bio et équitable.
  • des formations théoriques et pratiques sur l’agroécologie à destination des coopératives adhérantes.
  • des rencontres avec des coopératives déjà certifiées Agriculture Biologique et d’autres acteurs engagés dans l’agriculture biologique (plateformes, labels de certification) pour permettre des échanges d’expériences.