Au Ghana, les coopératives de cacao s’engagent dans la conversion bio
Depuis 2 ans déjà, le programme EQUITE accompagne financièrement 2 coopératives de producteurs de cacao dans un projet qui leur tenaient à cœur et qu’ils ont enfin pu concrétiser : la conversion vers des modes de production biologique d’une partie des vergers de cacao de leurs membres. FANTEAKWA et KUAPA KOKOO accompagnent plus de 600 producteurs dans ces nouvelles pratiques de production sans intrants chimiques sur près de 915 hectares.
Les 9 et 12 mars 2023, ce sont les responsables et producteurs de la coopérative FANTEAKWA (2150 membres) et de l’Union de coopératives KUAPA KOKOO (plus de 100.000 membres) ont accueilli la visite des partenaires et responsables du programme EQUITE : une occasion de témoigner de leurs avancées et des changements qu’ils observent sur leurs parcelles en conversion bio !
Ce sont 79 productrices et 106 producteurs de la coopérative de cacao FANTEAKWA, basée dans le district d’Osino, qui ont débuté depuis 2020 la production de cacao selon le cahier des charges de l’agriculture biologique. Deux ans plus tard, 315 hectares de vergers de cacao sont en conversion bio.
Les raisons qui les ont conduits à s’engager dans le production bio de cacao ? « Un arrêt partiel de la distribution systématique d’intrants chimiques aux coopératives par le COCOBOD mais surtout une vie forte de producteurs d’arrêter de mettre leur santé et leur environnement en danger avec les produits chimiques. » répond Marc Obesse, salarié de FANTEAKWA.
Chez KUAPA KOKOO, dont le siège social est basé à Kumasi, 2eme plus grande ville du pays, cette conversion bio a été menée de façon expérimentale avant d’être étendue à un plus grand nombre de producteur.rice.s. Ce sont, pour le moment, 427 producteurs qui se sont engagés dans la production sans intrants chimiques du cacao sur un peu plus de 600 hectares de vergers.
La production biologique du cacao est encore très peu répandue au Ghana et aussi peu reconnue à ce stade par les organes ghanéens de régulation de la filière cacao. « Au Ghana, les prix bord champ du cacao sont fixés par le COCOBOD : il y a un prix unique pour le cacao, mais il n’existe pas encore de prix « cacao bio » explique Frank Okyre, responsable traçabilité de KUPPA KOKOO
Dans ces 2 organisations de producteurs, les producteurs n’ont pas observé de baisse de leur rendements en cacao suite à l’arrêt de l’utilisation des intrants chimiques, ils ont même pour la plupart constaté une augmentation de leur production. Frank Okyre, responsable traçabilité de l’Union KUPPA KOKOO nous explique les raisons : « La conversion des modes de production du cacao vers les pratiques de l’agriculture biologique s’est accompagné d’un intensification du travail des producteurs dans la parcelle, et notamment du travail d’élagage des cacaoyers dont on connait l’incidence très positive sur les rendements ». Une bonne nouvelle donc pour les producteurs, qui se sont engagés dans cette démarche et observe à l’échelle de leur parcelle d’autres bénéfices écosystémiques : des fleurs de cacao qui fleurissent toutes l’année, des arbres en meilleur état, le retour des insectes prédateurs naturels des mirides, etc.
Reste un défi de taille à relever par ces coopératives en conversion : permettre l’accès des producteur.rice.s à des fertilisants et pesticides biologiques, pour lutter efficacement contre les mirides et renforcer la fertilité des sols des vergers de cacao. Ce défi repose sur 2 leviers principaux : l’accès à des produits de qualité et l’accès à des prix qui soient financièrement accessibles pour les producteurs. L’expérience des « bio-fabriques » visant à créer des fabriques de bio-intrants en interne des OP de cacao en Côte d’Ivoire dans le cadre du programme EQUITE gagnera à être prochainement partagé avec les OP ghanéennes.